Arrestation de Simon Pierre Adovelandé, Boni Yayi accusé
Dès qu’elle est annoncée par les médias un jour de Noël,
l’arrestation du coordonnateur de Millénium Challenge Account a fait
l’effet d’une bombe, mais surtout d’une surprise. Car, elle confirme,
pour tous ceux qui connaissent le régime du Changement ses
intentions de mettre en difficulté un potentiel candidat aux élections
présidentielles de 2011, Simon Pierre Adovèlandé qui avait résisté à
toutes les manœuvres tendant à le descendre du haut de son
piédestal. Pour une grande partie de l’opinion, le pouvoir veut « tuer
» un homme jusque-là connu pour sa probité.
Ce que nie Me Saïdikou Alao Ayo, avocat de la partie plaignante
dans l’affaire qui oppose les anciens responsables du Groupe
Bethsaleel building à Shelter A frique, est déjà collé au
gouvernement du Changement, à savoir qu’il est derrière
l’arrestation de Simon Pierre Adovèlandé, et qu’il veut coûte que
coûte l’envoyer en prison. Pour tous ceux qui connaissent ce pays
depuis l’avènement du Changement, ce commentaire est à la
hauteur des circonstances et rappelle à bien des égards d’autres
manœuvres, qu’on se garde de citer. Ceux qui ne voient pas la main
invisible du régime ont peut-être aussi raison. Mais ils sont très peu
et sont obligés de fermer les yeux sur une série de faits qu’on lui
attribue dans les mêmes circonstances. Même si ce n’est pas le
régime en place qui a soulevé cette affaire, un faisceau d’éléments
concourent à montrer qu’il n’est pas totalement étranger à ce qui
vient d’arriver au coordonnateur du Millénium Challenge Account. A
défaut d’en tirer les ficelles, il va s’en réjouir. Il serait davantage
content lorsque la justice qu’on accuse à tort ou à raison d’être à
ses ordres, retiendra dans les liens de la détention préventive, Simon
Pierre Adovèlandé. La manière dont le dossier a été conduit amène
plus d’un à renforcer les appréhensions qu’ils ont sur le régime du
Changement. L’histoire retiendra que le coordonnateur de Millénium
Challenge Account a été arrêté un 25 décembre après qu’on lui a
adressé une convocation afin qu’il se présente ce jour lundi 28
décembre 2009. Ce qui s’est passé tout au long du week end écoulé,
montre les signes d’une mort programmée de l’homme. Sinon,
pourquoi avoir anticipé sur la convocation ? C’est à croire que
l’ex-président du Conseil d’administration du Groupe Bethsaleel
building ne sera pas au rendez-vous et qu’il s’apprêterait à s’envoler.
Pour une personnalité de son rang, c’est penser bas. Coordonnateur
d’un ambitieux programme, le Mca, Simon Pierre Adovèlandé
représente à ce seul titre une garantie de représentativité, ou à
défaut ses avocats dont Me Cyrile Djikui et Joseph Djogbénou.
Leur client est privé de sa liberté à un moment où il préparait sa
ligne de conduite avant de répondre à la convocation qui lui a été
adressée. Finalement, il n’a pas eu le temps d’être préparé par ses
conseils afin qu’il sache comment répondre aux questions qui lui
seront posées. Ce qui pourrait lui être fatal. Sans aucun doute, que
les choses ont été précipitées pour lui rendre la vie difficile dans
cette affaire. Et, le fonctionnement du plan mis en place a révélé
beaucoup de failles à partir desquelles on se rend compte que rien
n’a été fait au hasard. Ce n’est qu’après 48 heures de garde à vue,
que Simon Pierre Adovèlandé a été entendu. Mais avant, alors que la
première garde à vue expirait hier dimanche, le Procureur de la
République a dû l proroger de 24 heures un jour non ouvrable. Or, il
n’est pas fréquent d’assister à ce scénario. De même, lorsqu’il est
question de conduire Simon Pierre Adovèlandé au parquet, la police
n’a pas fait de détail sur l’effectif qui a été mobilisé. Une quinzaine
de policiers et de militaires armés ont pris position dans trois
voitures pour l’y conduire. Ils ont gardé l’homme comme un grand
bandit, très redoutable, donc dangereux. Cette image laisse croire
que les responsables de la police ont reçu un ordre de leur
hiérarchie. Et puis lorsqu’on sait que les ennuis du coordonnateur du
Millénium Challenge Account ont commencé après la publication
d’une série d’articles de presse confirmant sa candidature aux
présidentielles de 2011, pour laquelle un haut dirigeant du pays n’a
pas réussi à le convaincre à y renoncer, lors d’un récent voyage, il
est de plus en plus certain qu’il fait les frais de son engagement et
de détermination politiques. Ce qui déteint sur la crédibilité du
régime Yayi.