Pluie de millions sur les religieux, Yayi prépare 2011 avec l’argent du contribuable
Le Gouvernement a récemment offert plus 300 millions de francs aux religieux toutes tendances confondues et aux têtes couronnées de notre pays. Un don reparti comme suite ; environ 120 millions pour les musulmans, 100 millions pour les chrétiens et assimilés et 100 autres millions pour les têtes couronnées. La question est de savoir en cette période de vache plutôt maigre pourquoi une telle magnanimité du Prince du Changement. Cette séance de gratification du gouvernement Yayi qui en est à sa seconde édition, n’aurait pas connu le même faste il y a un peu plus d’un an mais suscite autant le débat sur son opportunité et surtout sur les critères de désignation des groupes bénéficiaires.
Même si c’est avec bonheurs que les uns et les autres ont reçu leur chèque, il n’empêche qu’ils sont conscients que ce cadeau ne va pas se garder sans quelques soucis. L’expérience des dons sous Yayi a montré ses limites. La première édition avait déjà donné lieu a des échanges venimeux entre d’une part les têtes couronnées et de l’autre, religieux et gouvernement. D’ailleurs, le clergé catholique plus tatillon sur la notion de l’aumône a, il y a quelques mois, refusé d’accepter ce cadeau pour suggérer les orphelinats et autres associations caritatives, comme bénéficiaires.
Le ministre Baba Bodi en charge des relations avec les institutions, probablement pour meubler son discours, a souligné la nécessité de bien gérer ce fonds, même s’il sait qu’il ne dispose d’aucun moyen de contrôle pour connaitre de sa destination qui s’est faite sur une base purement arbitraire.
Donation à la tête du client
C’est une véritable nébuleuse qui entoure les conditions d’attributions de cette aide. Autrement comment comprendre que les musulmans bénéficient de plus de 100 millions de francs Cfa, tandis que les têtes couronnées reçoivent quant à eux un montant inférieur d’environ 20 millions. Même si le flou persiste dans l’attribution des 100 millions rois et chefs traditionnels avec ou sans les cultes traditionnelles, il y a que l’importance de la taille en terme de proportion est dans tous les cas inégale. En admettant qu’uniquement ceux-ci bénéficient (quelques centaines) de l’argent du gouvernement on comprendra que ce n’est pas d’une vingtaine de millions d’écart que les 2 groupes doivent être séparés, mais plutôt de plusieurs centaines de millions de francs en faveur de la communauté musulmane. Et dans le cas contraire, l’avantage serait à la faveur des chefs traditionnels et des cultes qu’ils symbolisent, car il n’est un secret pour personne que les religions traditionnelles sont en termes de nombre, la communauté la plus importante au Bénin, avant chrétiens et musulmans. Un premier hic qui annonce plusieurs autres, entre autre les religions qui ne sont pas répertoriées au titre de l’allocation faite par le gouvernement Yayi. Elles ne manquent pourtant pas d’être répertoriées au ministère de l’intérieur au même titre que toutes les religions du Bénin et sont fréquentées par des Béninois. Pourquoi dans un souci d’équité ces religions ne sont pas prises en compte par les largesses du gouvernement.
Achat de conscience ou donation ?
Comme l’a implicitement déploré l’iman de Cadjehoun au cours du prêche du vendredi dernier, l’argent introduit dans les différents clergés par les pouvoirs publics ne va pas améliorer le débat politique et est plutôt malsain. L’année dernière peu s’en est fallu que les chefs traditionnels se poignardent autour de la centaine de millions annoncée par le ministre d’alors. Quelques temps après c’est le clergé catholiques qui n’a pas hésité à refuser ce cadeau qui n’a rien d’un don puisque les conditions d’octroie étaient elles même viciées par les motivations sous jacentes. Motivations politiques voire électoralistes selon certains. Dans de telles conditions, on peut arguer que la présente distribution d’argent est une forme de campagne. Au pire, une tentative de corruption des dignitaires traditionnels et religieux dans le but inavoué de les faire adhérer à la vision du chef de l’Etat par le truchement de l’argent du contribuable.
Eric Tchiakpè