Que font les blindés dans Cotonou la nuit ? (Va-t-on vers un couvre-feu à l’ivoirienne ?)

Publié le par Rochereau

 

Ceux et celles qui ont l’occasion de s’aventurer à Cotonou dans la nuit du vendredi au samedi ont dû être très surpris de se trouver nez-à-nez avec des blindés des forces de défense à la hauteur du carrefour Godomey ou encore devant la Bourse due travail. Ce spectacle est d’autant plus surprenant qu’il est propre au genre de mesures que prennent les Etats en situation de guerre ou d’insurrection à l’image de la Tunisie et dans une moindre mesure de la Côte d’Ivoire. Or à ce que l’on sache, le Bénin n’est ni en situation de guerre ni en état d’insurrection. Qu’est-ce qui peut donc motiver de telles décisions ? Est-ce les derniers actes d’insécurité perpétrés sur les ministres Bernadette Sohoudji Agbossou et Moudjaïdou Soumanou qui justifient la présence des blindés dans la ville ? Si oui, on serait tenté de dire qu’il ‘’ne s’agit que d’actes’’ relevant des insuffisances des forces de sécurité. Le syndicat de police n’a jamais fait mystère de ce que les forces de police sont démunies de moyens susceptibles de les permettre de faire face à la délinquance et aux crimes. Pire, ils ne manquent aucune occasion pour stigmatiser le fait de faire appel aux forces armées dans les missions relevant de la sécurité.

 

La question est donc là. Si l’insécurité actuellement observée est la cause de la présence des blindés dans la ville, est-ce que ce sont ces blindés-là qui en viendront à bout ? La réponse est de toute évidence non. Tout semble indiquer au contraire qu’on est là en présence d’un acte d’intimidation. Et si ceux qui pensent que les actes d’agression perpétrés contre les ministres Bernadette Sohoudji Agbossou et Moudjaïdou Soumanou n’étaient que de grossiers montages pour justifier d’autres actes de la part du gouvernement, et si ceux qui pensent ainsi avaient raison ? Il est en effet certain qu’un climat d’anxiété et de frayeur a commencé à lentement s’installer avec la mort du ministre Bernadette Sohoudji Agbossou et le vol du véhicule de Moudjaïdou Soumanou. Mais il est tout aussi certain que la présence des blindés dans la ville ne contribue pas à l’apaisement de ce climat de psychose. Bien au contraire. On peut donc légitimement craindre que si ces blindés ne sont que les prémices d’autres mesures plus intimidatrices, il faut tout aussi craindre qu’il y aura d’autres actes ‘’d’insécurité’’ qui n’auront que pour but de justifier ces mesures de sécurité aux relents d’intimidation. Il ne serait donc pas surprenant de voir le gouvernement Yayi adopter d’ici peu un couvre-feu sur l’ensemble du territoire.

Cyrille MAHUNAN

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